Le mois de janvier fut …

Le mois de Janvier fut le plus froid de l’hiver cette année-là à Calais. Les températures pouvaient baisser de dix degrés à partir du moment où le soleil n’apparaissait plus à l’horizon. Ce n’est qu’à ce moment que les mineurs rentraient chez eux, alors que la brume commençait à s’étendre sur les plaines alentours et que la lune blanchâtre commençait à éclairer celles-ci. C’est ainsi qu’au cœur de la nuit calme, on pouvait entendre les réflexions de ces travailleurs sur le climat qui se détériorait au fil du temps, sur la crasse qu’apportait leur labeur sur leur visage et leurs vêtements, sur leur famille qui les attendait pour dîner malgré l’heure ou encore sur leur faible revenu.

Arwen Protectelle avait deux enfants : Erwan, un garçon de neuf ans, et Gwenaëlle, une fillette de six ans. Sa femme, Gaëlle, était mère au foyer et gardait ainsi les enfants pendant que son mari était à la mine. Tous les jours, il y arrivait en premier et en partait le dernier. : dépensant l’intégralité de son énergie à travailler autant que trois de ses collègues en une journée, il espérait toucher de cette manière quelques sous supplémentaires de sorte à pouvoir combler tous les besoins de ses enfants. C’était un homme d’une très grande taille, au corps forgé par le labeur, et au visage marqué par la fatigue. Ses cheveux bruns de nature étaient noircis par la poussière lorsqu’il rentrait de la mine. Ses yeux verts emplis de détermination pendant son temps de travail, laissaient place à un autre regard plus doux lorsqu’il retrouvait sa famille le soir venu. Une fois réunie, celle-ci prenait place autour de la petite table ronde autour de laquelle ils dinaient avec le peu de nourriture qu’ils avaient. Elle constituait généralement des plats peu coûteux, simples et peu consistants mais la famille Protectelle s’en contentait. Mais malgré tout, la plupart du temps, lorsqu’Arwen obtenait une prime, il l’utilisait dans de la nourriture plus coûteuse et plus goûteuse pour ses enfants. Rien n’était plus précieux à ses yeux que leur bonheur. Il s’occupait d’eux comme il ne s’était jamais occupé de sa propre personne, ils étaient sa principale raison de vivre.

Vincent