Tom PETIT avait le visage …

Tom PETIT avait le visage marqué par la vie. Âgé d’à peine vingt ans, il semblait avoir déjà affronté tous les coups bas que l’existence puisse offrir. Il avait le regard dur et, du haut de son mètre cinquante définitif, il semblait défier quiconque de le prendre de haut. Du moins, c’est ainsi que je me souviens de lui. Il avait néanmoins fini par accepter sa condition et s’était résolu avec le temps à demander de l’aide pour atteindre les étagères les plus hautes. Il n’avait plus honte, et avait cessé de se tenir sur la pointe des pieds. On sentait dans la courbure des ses épaules le poids de cette résignation.

Tom avait vécu dans un petit village, grandissant sous les moqueries des autres enfants de son âge. Il vivait dans une maisonnette, seul avec sa mère, qui y avait installé son atelier de peinture, leur seule source de revenu. Cela lui permettait de ne jamais perdre de vue celui qu’elle aimait appeler son « petit homme ». Jeu de mot cynique lui rappelant sans cesse sa différence. Son père quant à lui était parti un jour et n’était jamais revenu. Tom avait passé des heures à regarder sa mère peindre, une cigarette au coin de la bouche, ses yeux d’un bleu pur grands ouverts.

Arrivé à l’âge adulte, il avait fait ses affaires et avait fui ce cocon maternel où il se sentait étouffé, ce village où il se sentait constamment observé, moqué. Il s’était envolé vers la capitale où il espérait se fondre dans la masse. Imaginez-vous un jeune et très petit homme, les cheveux de jais, les yeux brillant de malice, emménageant dans une chambre de bonne. Il ne savait pas où il allait, ni comment, mais il irait. Contre toute attente, Paris lui réussit, car les gens y avaient l’esprit plus ouvert qu’en province. Il s’était senti revivre. Il avait par la suite fait des études d’avocat et ouvert son propre cabinet. Un jour, il eu besoin d’une secrétaire. Celle qu’il engagea n’était ni particulièrement grande, ni particulièrement petite ; elle était parfaite. Il l’épousa deux ans plus tard. Oh non, sa vie ne fut pas des plus tranquille, mais il avait compris au fil du temps que sa taille ne le définissait pas. Je naquis de cette union. Je me souviens encore avec précision de ma mère me disant : « Tu sais, malgré tout, ton père était un grand homme ».

Lola