Éloge du Prix littéraire

Le prix littéraire : tout un univers qu’on voit d’un autre œil. Des livres et des bandes dessinées relatant leurs visions du monde, dénonçant des causes toujours intemporelles et redonnant vie à nos vies.
Surréaliste et sordide comme dans Pelote dans la fumée, où les cases les plus merveilleusement colorées représentent les moments les plus sombres, où au milieu des enfances en noire décomposition, de pauvreté et de très légères traces de la guerre, se déroulent mimes fantasques, funambules, friandises semblant venir des contrées exotiques, et du quotidien d’un réalisme magique, avec des images qui « jaillissent parfois comme dans un rêve troublant pour disparaître aussitôt. Semblable à des feuilles brûlées. »
Fantastique mais poignant comme dans les Ombres, où dans un monde incertain, allégorique, et parfois proche d’un conte, peuplé de cavaliers sanguinaires, d’ogres exploiteurs, et d’ombres des disparus, « ceux qui sont morts, continuent d’errer sur le chemin », c’est la tragique ballade des migrants qui ne sont jamais apaisés dans leur peine même auprès de leur but.
Âpre et rêveur comme la Montagne d’Argent où le diable qui « croque les âmes à la va-vite » rythme la dure vie des mineurs d’origine amérindienne à qui le Vieux Monde n’accorde que peu d’importance mis à part les diamants.
Tendre et réaliste comme le garçon incassable, avec les destins croisés de deux fragiles et faibles garçons mais au mental résistant et implacable, l’un qui est un « saligaud de roseau qui plie mais ne rompt pas  », et l’autre qui deviendra un certain Buster Keaton.
Terrifiant et ambiguë comme Mon ami Dahmer suivant un adolescent solitaire, manquant d’affection et de compréhension, appelé à devenir un sinistre serial killer, dont on éprouve l’horreur mais étrangement la compassion, illustré par des traits graphiques rudes et presque cinématographiques cette «  vie misérable, pathétique et malsaine, rien de plus. ».
Le prix littéraire, fabuleux, vision des vies humaines et critique du monde qui nous entoure.

 

Sara J.